Écrire pour soi : une activité essentielle

Écrire pour soi : une activité essentielle

Écrire est avant tout une aventure personnelle. Malheureusement, beaucoup d’écrivains, et devrais-je même dire d’écrivants, ont tendance à oublier la dimension intime de cette activité, ce que je trouve bien dommage.

Écrivants, qu’est-ce donc ?

L’auteur Roland Barthes avait établi une distinction entre les écrivains et les écrivants. Pour lui, les écrivains sont ceux possédant la vraie flamme de l’écriture, les passionnés de la plume qui écrivent avant tout pour leur plaisir, sans forcément avoir des rêves de gloire. Les écrivants, quant à eux, écriraient uniquement dans l’objectif d’être publiés, sans avoir de réel penchant pour cette activité.

Une porte vers un ailleurs

Ce que je vais dire ici n’a pas la prétention d’être la vérité. Je m’appuie sur mon expérience personnelle et mon rapport à l’écriture. Depuis que je suis enfant, j’invente des dizaines et des dizaines d’histoires dont le théâtre est un monde magique, ou bien un monde idéalisé. Mon premier univers était Féériqua, une planète où vivaient toutes les créatures mythologiques possibles et imaginables, et où chaque personne que j’aimais irait après sa mort. Je n’avais que six ans quand je l’ai créé, mais ce monde, décor de mes premières histoires, était une échappatoire vers un endroit que je trouvais mieux que la réalité.

Aujourd’hui, les choses n’ont pas changé. J’écris pour m’évader du quotidien qui n’est pas toujours rose. Dès que j’ouvre mon fichier Word, je me retrouve transportée à Tar-Minyatur (Abby McAlban) ou dans un monde où l’Enfer et le Paradis existent bel et bien (Hexen – In Nomine Patris).

Un besoin de reconnaissance ?

Beaucoup de personnes ont tendance à se dire qu’un livre doit forcément être lu. Pourtant, combien d’auteurs ont déjà écrit des textes qu’ils préfèrent garder secrets ? Amélie Nothomb, par exemple, écrit environ quatre livres par an, pour n’en publier qu’un chaque fois. Elle précise même qu’à sa mort, tous ses écrits non publiés devront être coulés dans un bloc de résine, pour que personne n’y ait jamais accès.

De même, Franz Kafka ne destinait pas la plupart de ses livres à la publication. Le Procès, entre autres, devait être brûlé par l’un de ses amis au moment de son décès. Cependant, cet ami ne respecta pas sa dernière volonté et publia tous les textes de Kafka, formant l’œuvre que l’on connaît de lui aujourd’hui.

Mais certains écrivains eux-mêmes n’envisagent pas d’écrire un livre pour le laisser dans un tiroir. Publication, à compte d’auteur ou d’éditeur, auto-édition, plateformes de partage : il existe plein de solutions pour partager ses écrits et récolter des avis.

Attention, je ne critique absolument pas cela. Je serais d’ailleurs bien mal placée, puisque certains de mes textes sont sur Internet, et d’autres sont auto-édités. Mais je tiens à rappeler que s’il est bien de vouloir faire lire ses écrits, il peut également être bon de garder certains d’entre eux pour soi.

Écrire pour soi : un jardin secret

Journal intime, textes « vide-tête » ou histoire que l’on n’assume pas franchement, tous les prétextes sont bons pour écrire juste pour soi. J’ai commencé à écrire X-Men quand j’étais au lycée, un peu avant de commencer Abby McAlban. Je l’ai laissé entre parenthèses pendant quelques années avant de le reprendre et d’en faire un petit livre de 500 pages.

J’écrirai un article pour approfondir le sujet, mais en gros, il s’agit d’une fanfiction de la saga X-Men, dans laquelle je me permets toutes les libertés du monde. Ainsi, les mutants du professeur Xavier côtoient les Avengers, Elsa de La Reine des Neiges et Edward Elric de Fullmetal Alchemist, entre autres. J’ai décidé de ne jamais faire lire ce texte à personne, pour deux raisons.

La première, j’y mets tout ce qui me fait plaisir, sans forcément tenir compte de la logique ou de l’univers initial. Par exemple, le professeur Xavier rajeunit grâce au pouvoir d’une mutante, parce que je préfère James McAvoy, VOILÀ.

La deuxième, c’est Mary Sue. Qu’est-ce donc que cela ? Dans une œuvre, une Mary Sue est l’avatar de l’auteur, son incarnation en personnage, présenté comme étant surpuissant, parfait, sans défaut. Par exemple, Bella Swan de la saga Twilight est la Mary Sue de Stéphanie Meyer. Bref, dans X-Men, j’ai décidé de me mettre moi-même en scène, en tant que mutante de l’Institut du professeur Xavier.

Quand j’ai commencé à écrire cette histoire, je n’avais qu’une envie, m’évader du réel, d’autant que je traversais une période affreuse dans ma vie. J’ai fait vivre à mon personnage des aventures qui me faisaient rêver, je lui ai donné tous les pouvoirs que je voulais avoir – le feu, l’eau, la lévitation, et j’en passe – et j’ai versé dans le cliché comme pas possible. Une histoire donc que j’adore, mais impossible à faire lire à quiconque, pour une question d’humilité, mais aussi parce que je doute qu’une personne autre que Mélany Bigot apprécie de la lire.

Bien sûr, il est souvent arrivé que l’on me réclame de pouvoir lire X-Men. En général, j’oriente ces personnes vers Abby McAlban en disant que c’est mieux et que l’on y retrouve tout de même quelques clins d’œil aux comics. Dans ces cas-là, il ne faut pas hésiter à refuser, même si la personne insiste. On a parfaitement le droit d’avoir un jardin secret, et il faut le préserver.

Les « one-shot » libérateurs

J’écrirai une suite à X-Men, j’ai prévu au minimum huit tomes pour cette saga qui occupe une énorme partie de mon esprit et de mon cœur. En attendant, je me suis lancée dans le one-shot, OS pour les intimes, un texte relativement court.

À la différence de la nouvelle, qui se suffit à elle-même, l’OS s’inscrit dans un univers préexistant et ne pose pas forcément de situation initiale. Il s’agit plutôt d’un pan d’une histoire plus vaste racontée dans un roman, un film, une série, etc. J’ai d’abord écrit quelques OS sur X-Men, puis sur d’éventuels cross-over entre mes personnages mutants et ceux d’Abby McAlban ainsi que quelques fanfictions sur la série Percy Jackson que j’adore.

Quand j’ai eu assez de textes, je les ai fait imprimer dans un livre que j’ai nommé La réalité est une prison, notre esprit en est la clé, citation que j’adore et qui représente parfaitement mon état d’esprit. Puis, j’ai écrit d’autres OS, et j’ai fait imprimer Hérésie et Divagation, une sorte de deuxième tome du premier recueil. Maintenant, je réfléchis à un titre pour le troisième opus.

Ces one-shot que j’écris n’ont vraiment pas pour vocation d’être lus par quelqu’un d’autre que moi. Parfois, ils n’ont ni queue ni tête, sont extrêmement clichés, ils violent les lois de la logique et peuvent même faire douter de ma santé mentale.

En partageant avec vous mon expérience aujourd’hui, j’espère arriver à vous prouver qu’un livre n’est pas obligé d’être publié pour exister. Quand on me demande quel conseil donner à un écrivain en herbe, je donne toujours le même : écrire pour soi, avant tout pour soi. Si votre histoire vous plaît, c’est le principal, et l’avis des autres n’importera pas. Mais ceci est une autre histoire.

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