L’Inattendu, ou le fait d’écrire pour quelqu’un d’autre
Écrire son autobiographie est un acte qui en fait rêver plus d’un. Est-ce l’envie de voir son histoire couchée sur le papier ? Le besoin de transmettre ses mémoires ? L’orgueil de devenir une personnalité ? Si certaines personnes se lancent dans dans la rédaction de leur vie, d’autres en revanche préfèrent déléguer cette tâche pour le moins laborieuse. Et j’ai eu l’occasion d’exercer cette activité pas comme les autres.
Écrivain public, prête-plume, quelle différence ?
Attention à ne pas mélanger ces deux professions. Un écrivain public n’écrit pas de livre. Son rôle consiste à rédiger des lettres, des discours, des documents professionnels, des faire-part, etc. Il aide principalement les personnes illettrées ou manquant de connaissances dans un domaine, administratif par exemple. Le prête-plume, lui, est spécialisé dans la rédaction d’un livre, qu’il s’agisse d’une biographie ou d’une fiction. Son nom ne figurera pas sur la couverture, il n’aura servi qu’à prêter sa plume à une personne, souvent une célébrité. En général, écrivain public et prête-plume sont confondus, car exercés par une même personne.
Mon expérience de prête-plume
On peut le dire, ma grand-mère s’est autoproclamée agent littéraire. Elle a fait une promotion de dingue autour de ma saga Abby McAlban, ce qui fait qu’une grande partie de mes lecteurs se compose de retraités. Parmi eux, une amie de ma grand-mère s’est montrée particulièrement intéressée par mon « métier » d’écrivain. Ainsi, en mai 2013, elle m’a fait venir chez elle, en Suisse, pour m’offrir un travail : écrire son histoire. C’était quelque chose de totalement nouveau pour moi, j’allais écrire un récit qui ne m’appartenait pas, pour le compte de quelqu’un, et bien évidemment, sans le moindre élément de fantastique. Un défi de taille. Mais tel Barney Stinson, je me suis dit « Challenge accepted ».
Quelle méthode ?
L’objectif était d’écrire sous forme romancée l’histoire de l’amie de ma grand-mère, ainsi que celle de sa mère et de sa grand-mère. Un livre que j’ai donc choisi de découper en trois parties distinctes, qui se suivaient chronologiquement. Une fois en Suisse, j’ai passé tout un après-midi avec cette dame qui m’a raconté ces trois histoires, dans les grandes lignes. J’ai pris des notes sur mon ordinateur et j’ai enregistré l’entretien pour le réécouter plus tard. J’ai par la suite organisé mes notes en une fiche d’environ trois pages qui résumait l’histoire, en y ajoutant quelques éléments narratifs personnels. Après ça, il ne restait qu’une chose à faire : commencer la rédaction.
Un travail particulier
Il m’a fallu un an et demi pour écrire ce livre, en parallèle du troisième tome d’Abby McAlban. Il faut dire que c’était très dur pour moi de me plonger totalement dans cette histoire qui ne m’appartenait pas. Les personnages n’étaient pas à moi, je ne les connaissais que très peu, j’étais en terre inconnue. De plus, mon employeuse, si je puis dire, m’avait donné très peu de détails, elle s’était contentée de raconter sa vie en la survolant. Difficile de combler les trous d’une histoire vraie par la simple imagination. Surtout quand on a plus l’habitude d’écrire à propos de fées et de dragons que de service militaire et de jeune fille au pair. Bref, ce travail fut long et semé d’embûches, mais en novembre 2014, je parvins à mettre un point final à ce livre. Je retournai en Suisse pour choisir un titre, L’Inattendu, une couverture, et pour faire quelques petits ajustements, notamment au niveau des prénoms des personnages qui ne m’avaient pas été précisés. J’ai imprimé le livre en format poche, pour ma cliente, sa famille, ainsi qu’un exemplaire à ajouter dans ma bibliothèque.
En conclusion
Cette expérience, bien qu’étrange, m’a beaucoup appris. J’ai dû me mettre dans la peau de personnages dont je n’avais pas l’habitude, sortir de ma zone de confort, et c’était un challenge de taille que je pense avoir réussi. Cependant, je ne pense pas m’y essayer de nouveau à l’avenir. J’ai eu une proposition d’un ami d’ami pour écrire son histoire, assez atypique, mais finalement, cela ne s’est pas fait, et je pense que c’est tant mieux. J’ai tellement de romans qui attendent dans un coin de ma tête d’être rédigés que je préfère ne pas me disperser. Et n’oublions pas, je suis bien plus à mon aise parmi les elfes et les sirènes que dans le monde réel.
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